warung java

Java et ses paysages somptueux. Moins connue que sa voisine Bali, cette île de près de 1 000 km de long offre une autre image de l’Indonésie, palpitante et authentique. Une spécialité ? Le warung, un festin de rue.

Java somptueuse et authentique

La jungle.

Cette moiteur touffue. Les crapauds qui appellent l’orage.

Les palmiers. En toile de fond, le cratère du Merapi, ténébreux volcan, émerge des brumes éternelles pour quelques minutes. La pointe noire d’un temple perce les cocotiers. Dressé vers le ciel, le néant pour les bouddhistes, c’est Borobudur.

Un chef-d’œuvre construit en moins de soixante-quinze ans par des maharajahs du viiie siècle puis abandonné et dévoré par la forêt, on ne sait trop pourquoi. L’Unesco l’a ressuscité il y a une quarantaine d’années. Ses bas-reliefs, d’une incroyable finesse, sont miraculés.

Une fois l’an, pèlerins et bonzes convergent ici.

Mais le reste du temps, la région vit au rythme du muezzin qui lance à quatre heures du matin son premier appel à la prière. Java n’est pas Bali, et l’île capitale d’Indonésie est aujourd’hui en grande majorité musulmane.

Elle a été animiste, bouddhiste et hindouiste, mais des marchands venus d’Inde l’ont convertie en douceur au xvie siècle. Et pourtant. Pourtant, il arrive encore que la population descende en procession jusqu’à l’océan avec la bénédiction de son sultan.

Qu’elle dépose dans les vagues du riz, des fleurs ou des têtes de buffles en offrande à la déesse de la mer que voulut épouser, dit-on, le premier chef de la dynastie…

C’est que ces musulmans-là sont éduqués dès l’enfance par un étrange théâtre d’ombres.

Au son du gamelan (l’orchestre traditionnel javanais), les marionnettes de bois ou de cuir sont de toutes les fêtes populaires et mettent en scène des passages fameux du Mahâbhârata ou du Ramayana, livres fondateurs de l’hindouisme. 


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Festins de rue

En route, on fait halte dans un warung. Le warung, restaurant sommaire et familial, est partout, à chaque carrefour, au bord d’un trottoir, voire au débouché d’un chemin de rizières.

À défaut, il y aura toujours un marchand pour tirer son chariot à soupes.

Un coup de ventilateur pour ranimer le brasero, et c’est parti pour le plat national, le nasi goreng.

Mot à mot, le riz frit. Pak choï, œufs de cane, échalotes et poulet dorent en quelques secondes dans la poêle.

Il est possible de remplacer le riz par les nouilles, autre ingrédient de base, et l’on obtient alors un mie goreng.

Les habitués, eux, s’en tiennent à une curieuse fricassée couleur lie-de-vin : du fruit du jacquier cuit dans du lait de coco, accompagné de pâte de crevettes et de riz. Un plat qui tient au corps et coûte moins cher que la viande.

  1. Le temple bouddhiste de Borobudur, abandonné puis envahi par la jungle, fut redécouvert a XIXème siècle.
  2. Le site de Prambanan constitue un ensemble de 240 temples dédiés au culte de Shiva.
  3. Il n’est pas rare de croiser la route d’un troupeau de canards, menés à la baguette par l’éleveur.
  4. La population, à majorité musulmane, est cependant imprégnée de culture bouddhiste et hindouiste.
  5. Près de Yogyakarta, la plage de Depok Beach est un lieu de promenade et de rassemblement.
  6. Au marché de Yogyakarta, les amateurs pourront faire leur choix entre les nombreux piments et épices indispensables à la cuisine locale.