Java ile de tourisme

Passe un buffle mené par deux paysans. Ils sont coiffés de chapeaux en paille de riz coniques et soudain, on se croirait au Vietnam. Cette jungle, en fait, est un champ. Certaines îles d’Indonésie sont inhabitées, mais à Java le moindre mètre carré est exploité tant la terre est fertile.

Java, une île de tourisme palpitante et authentique

Pieds de manioc mêlés de plantes d’arachides, de soja, de tomates ou de piments.

Ici, c’est de la canne à sucre, là un verger de clous de girofle ou une plantation de teck.

Le riz, lui, est partout, cultivé à la main dans de minuscules parcelles inondées qui épousent les méandres du relief.

On repique, on sarcle, on taille à coups de serpe la précieuse céréale.

La moisson est battue et vannée au pied des maisons, elle finit ensuite de sécher sur des bâches étendues au bord de la route. À vélo ou en mobylettes, tout se charrie, fagots, bambous, cages à oiseaux ou poules vivantes…

Tofu, spécialité de l’île de Java

Le tofu est fabriqué dans de petits ateliers de villages.

La pâte de soja cuit doucement dans des jarres de terre, puis elle est pressée dans un linge et moulée.

Les pains s’égouttent ensuite lentement sur des claies de bambous.

Frit ou bouilli, le tofu se mange nature ou farci de viande hachée, avec une sauce coco.

Du même soja, les paysans tirent aussi le tempeh, qui ressemble à du fromage.

Bouillis, épluchés, grossièrement écrasés, les grains sont emprésurés et fermentent au minimum durant cinq jours.

Saisies dans l’huile chaude, caramélisées, quelques tranches de tempeh sont aussi indispensables sur la table javanaise que les chips croustillantes de crevette ou de manioc.

Curry, gingembre, safran, les parfums de l’île de Java

Les premiers jours, tout surprend.

Les parfums de curry.

Le thé, parfumé au gingembre ou au safran. La couleur jaune des poissons frits.

L’alliance presque constante du salé et du sucré. Jusqu’aux cigarettes qui ne sentent pas pareil que chez nous : ici, le tabac est mêlé de clous de girofle. Yogyakarta, centre historique et culturel de l’île, ne compte que quatre cent mille habitants, une bagatelle comparée à la capitale Djakarta, mais c’est déjà toute l’Asie qui grouille, court, pétarade.

Dans les warung, on mange debout, allongé ou en tailleur, peu importe.

L’agitation des cyclo-pousses.

Les pelotons de motos qui piaffent aux feux rouges.

Sur l’artère centrale, Malioboro, le pire côtoie le meilleur. T-shirts de pacotille mais aussi batiks (tissus imprimés) de fabrication locale. Jusqu’à minuit passé, ça négocie et ça marchande.


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Dimanche matin à la plage : île de Java et tourisme

Avant d’ouvrir un restaurant indien raffiné dans le quartier universitaire, Jean-Pascal Elbaz, un Français, a bourlingué près de vingt ans en Indonésie.

Il a finalement choisi de s’installer à Java.

Ensemble, on discute brassages et métissages autour d’une salade de papaye dont la recette viendrait, selon lui, du sud de Bornéo. Plus tard, différentes notes d’épices nous ramènent à l’Inde. Les soupes (soto), elles, évoquent plutôt la Chine.

On retrouve les cuissons au lait de coco jusqu’en Polynésie.

Quant aux brochettes trempées dans de la sauce d’arachide, elles existent aussi en Malaisie. Souvenirs, peut-être, des marchands arabes qui franchissaient jadis le détroit de Malacca pour acheter ici étoffes et épices…

Au petit matin, on file à la plage.

Un mélange de tourisme et de tradition insolite

Surprise : le soleil n’est pas encore levé mais la longue bande de sable est déjà bondée.

Les amoureux sont assis en tailleur main dans la main, les familles ont réveillé les enfants : les pêcheurs vont prendre la mer, et c’est le grand spectacle du week-end. Les rouleaux sont si hauts et leurs barques si fines…

Quelques hommes remontent leur pantalon pour leur donner un coup de main.

À leur retour, sur le coup des dix heures, la foule est toujours là. Bonites ou barracudas, thons ou congres sont démaillés sur place.

L’usage est d’acheter sa portion et de l’apporter dans un warung.

Cuisson au gril ou au lait de coco.

À l’ombre des paillotes, c’est dimanche, dimanche à la plage. Sur les hauteurs, le volcan a disparu dans les nuages, mais comment ne pas repenser alors, à ce sultan qui lia à jamais le destin de son île à la déesse des vagues ? 

  1. À l’aube, le départ des pêcheurs est un spectacle auquel aime assister la population locale, comme ici à Depok Beach.
  2. Ce vendeur de soupes effectue sa tournée d’une rizière à l’autre.
  3. L’île luxuriante permet toutes sortes de cultures.
  4. Comme le reste de l’Asie, le cyclo-pousse demeure un moyen de locomotion privilégié.
  5. Les sardines à l’huile sont ici conditionnées dans des boîtes de bambou.
  6. Dès le retour des pêcheur, les poissons sont achetés sur la plage par les particuliers, qui se rendent ensuite dans un warung proche pour les faire cuisiner.