Bouzeron vin

Sous l’impulsion de Pierre de Benoist et de son oncle Aubert de Villaine, le vin aligoté de Bouzeron connaît ici sa meilleure réussite.

Bouzeron : vin de pays

Qui situe Bouzeron ?

Premier village de la Côte châlonnaise, à la sortie de la Côte de Beaune.

Qui connaît ce vin d’appellation village, exclusivement blanc, voisin des rully, mercurey, givry, montagny et autres frères d’armes dans la hiérarchie des crus bourguignons ? Sans être un expert en vin, on l’identifie comme un « petit vin de comptoir », « bon à faire du kir », un blanc de « mauvaise vie ».

Mais tel un irréductible, l’aligoté de Bouzeron, cerné par un océan de chardonnay et de pinot noir, fait de la résistance dans cet îlot géographique, à l’instar d’un célèbre village gaulois.

Au temps des moines, il servait déjà à produire le vin de consommation courante sur le chemin de Cluny.

C’est en 1997 que Bouzeron gagne ses lettres de noblesse, approuvé par l’INAO. Car l’aligoté connaît ici sa meilleure expression. Ici l’aligoté régale !

Bouzeron : vin cultivé sur une petite surface de 60 hectares

Quand on parcourt ce vignoble de poche de 60 hectares travaillé par une poignée de vignerons, on comprend toute la vérité de ce vin.

La nature est ici préservée, avec chevreuils, sangliers, lapins et oiseaux furtifs, ce qui en fait un lieu de randonnées plébiscité.

La nature y est vaillante aussi, avec ce carré de vignes de 115 ans, nommé « Les Fias », surmonté d’un « conservatoire » dédié aux meilleurs plants d’aligoté, un passage de flambeau symbolique entre les doyens et les jeunes prometteurs.

Tous constituent « une armée de bras, valeureuse et biscornue », prête à en découdre pour l’honneur et la réputation de Bouzeron, comme Pierre de Benoist harangué par son oncle Aubert de Villaine.

« Le vin ne doit pas être l’expression d’un vigneron, mais d’un terroir », répète-t-il.

Quelle plaidoirie pour faire connaître l’étiquette de ce « vin digeste, vivant », mais aussi « gastronome », apte au vieillissement. 

Des flacons anciens sommeillent au domaine en mémoire d’une bataille enfin gagnée, pour preuve Joël Robuchon, qui sert ce vin de cœur à sa clientèle parisienne. À proximité, l’étoilée Maison Lameloise à Chagny s’apparente à son QG.

« Un Américain rapporte l’avoir vu à 65 € la bouteille. »


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Deux fins éclaireurs à l’origine du Bouzeron

Il fallait avoir du nez en 1973, date à laquelle Aubert de Villaine, soutenu par son épouse Pamela, flaire le grand potentiel de Bouzeron et acquiert quelques hectares, tandis que l’aligoté vivote.

Il crée le domaine A. et P. de Villaine, une vigne qui porte son nom contrairement au domaine de la Romanée-Conti, ce rouge mythique de vosne-romanée, dont il est le copropriétaire.

Depuis lors, il n’aura de cesse de porter l’aligoté comme on porte un enfant, avant de passer le relais à son neveu, chargé de parfaire son éducation, en fin éclaireur de l’appellation depuis 15 ans.

C’est ainsi que Pierre de Benoist, fils de vigneron à Sancerre, parti pour ses études de droit à Paris, s’entiche de l’aligoté, curiosité ampélographique.

C’est en avocat du bouzeron et président de l’appellation qu’on le retrouve.

Pierre de Benoist montre l’exemple.

Maîtrise des rendements (entre 45 et 55 hectolitres par hectare), sélections pour améliorer les performances de la vigne, taille en gobelet palissé pour une meilleure régulation de la sève dans le cep, vendange manuelle à maturité pour mieux révéler le terroir.

« Les vignerons de cru ont-ils pris la mesure du petit trésor qu’ils détiennent ? », s’interroge-t-il…

Bouzeron : vin au bon rapport qualité-prix

Le flacon bio qu’élabore Pierre de Benoist, au domaine de son oncle à Bouzeron, est un vin blanc que l’on a envie de partager, de faire connaître à ses meilleurs amis, qui ravit par son bon rapport qualité-prix.

Vin clair, scintillant, désaltérant, ce blanc iodé, droit et minéral, qui naît de coteaux blanchâtres, quand la Marne affleure, fait voyager l’esprit à l’évocation des arpents cadastrés, Les Clous, La Fortune Bouchard, L’Hermitage, Les Corcelles, Les Fias, La Digoine.

Il fait aussi saliver les papilles car il adore les poissons blancs (bar, dorade), les coquilles Saint-Jacques et les mets régionaux (escargots de Bourgogne, jambon persillé) ou d’ailleurs (comté, crottin de chèvre), selon les années et l’âge du vin.

Ce bouzeron-là fait aussi voyager le cœur, car il fleure bon le printemps dès l’apéritif.

Carnet de route autour du Bouzeron

Hôtel de la Paix

À proximité des Hospices de Beaune, un lieu au goût du jour (douche à l’italienne, grande vasque…) qui cultive l’esprit familial avec ses confitures maison au petit déjeuner, banane-orange, poire, pamplemousse citron et ses conseils touristiques. De 79 € à 98 € la nuit. Petit déjeuner : 12 €.

L’Ardoise

À Beaune, une table conviviale façon taverne moderne. Excellent dos de lieu sur un risotto crémeux accompagné d’un saumur-champigny rouge 2012 par Thierry Germain (Domaine des Roches Neuves) car la carte des vins est régionale mais aussi nationale. 12 € le plat du jour, menu de 25 € à 30 €.

Le Vendangerot

Très jolie table bourguignonne, à Rully, restée dans son jus, avec une cuisine très actuelle, basée sur les bons produits régionaux mis en scène avec goût (fricassée d’escargots, coquille Saint-Jacques poêlées…). Menu du jour à 19 € ou de 30 € à 50 €.

Le Bouzeron  À Bouzeron

même, une table de bons produits, accueillante, qui décline ses plats en trilogie, trois variations sur la même assiette. Une carte des vins qui fait la part belle à son blanc local, le bouzeron, avec 7 domaines et un vin au verre à 5 €. 

Les Caves Madeleine

À Beaune, une sélection pointue de produits de la ferme (fromage, légumes bio, agneau, pain…) servie dans des assiettes en grès émaillé ou en céramique Jars, cuisinés par Martial avec beaucoup de créativité et de subtilité sans esbroufe dans une ambiance décontractée. À noter le talent de David, sommelier, pour l’accord mets et vins… 


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Dégustation de Bouzeron

  1. Maison Chanzy, Le Clos de la Fortune 2013. Une jolie bouche, bien ronde, dotée d’une belle vivacité. Le nez libère ses arômes printaniers après quelques minutes. Le vin d’une belle tenue en bouche se veut minéral. Sa finale iodée puis praline appelle une cuisine originale. 14 € (cavistes, foires aux vins). Bravo au jeune œnologue Jean-Baptiste Jessiaume pour sa cuvée Les Trois, également une belle expression de Bouzeron (12,50 €)
  2. Domaine Julien Cruchandeau, Cuvée Massale 2013. Des vignes de 60 ans d’âge, vendangées manuellement pour un résultat magnifique. Un nez minéral, avec des notes légèrement fruitées (groseille à maquereau). Une belle élégance en bouche, beaucoup d’équilibre. Une finale légèrement boisée, qui fait saliver. Un vrai bouzeron. Idéal avec des petits rougets au sel de Guérande. 9 €.
  3. Domaine Paul et Marie Jacqueson, Les Cordières 2013. Un blanc parfumé d’une grande finesse. Un vin floral, agréable à boire à l’apéritif. Un vin moderne, puissant, légèrement boisé et vanillé, à la façon des « vins du monde ». 8,50 €.
  4. Domaine Nathalie Richez, Bouzeron 2013. Belle réussite pour ce blanc vendangé à la main que l’on trouve chez les cavistes et dans les foires au vin, qui fleure bon le tilleul. Une bouche ample et équilibrée, une vraie présence minérale s’impose. On se laisse posséder par la rondeur du vin, son élégance et sa belle fraîcheur finale légèrement épicée qui appelle de la bonne charcuterie. 9 €.
  5. Bouchard PËre et Fils, ancien domaine carnot, Bouzeron 2013. Reflet de son terroir, on retrouve cette bouche minérale (marneux, crayeux) qui lui donne un grain très particulier, un vrai cachet. D’une belle luminosité, ce vin aux reflets verts est un modèle du genre. Bouche ample, droite, iodée, avec une finale saline et épicée pour une belle table ou de vrais amoureux du vin. 9,90 € (grande distribution ou foires aux vins), 12,20 € (Nicolas).
  6. Louis Jadot /Domaine Gagey, Bouzeron 2013. Un vin davantage marqué par son vinificateur (maison de négoce) que par son terroir marno-calcaire. Résultat, un blanc nerveux, de belle tenue, mais un peu trop marqué par l’élevage en fût, cependant tout à fait appréciable. 12,60 €.
  7. Domaine A. et P. de Villaine, Bouzeron 2013. Année de vache maigre, avec peu de raisins mais bien concentrés, bien mûrs. Du coup, le vin est droit et riche sans opulence, d’une grande subtilité, aux fines notes de tilleul, avec une finale qui fait saliver. Belle vivacité pour s’encanailler et accompagner, à l’apéritif, un jambon persillé, ou, à table, une fricassée d’escargots de Bourgogne. 15 € (cavistes et domaine).