L’équipe de Saveurs a déniché pour vous dans quelques caves parisiennes les meilleures quilles de vin naturel beaujolais nouveau.

Vin naturel : beaujolais nouveau, caves à Paris

[Théo Torrecillas] Hier, jeudi 17 novembre, comme chaque troisième jeudi de novembre, nous avons pu déguster les vins nouveaux de l’année.

Le vin nouveau, qu’on appelle aussi primeur, est un vin vendangé et vinifié rapidement, sans élevage, pour être dégusté l’année même des vendanges.

Parmi ces primeurs, c’est évidemment le beaujolais nouveau qui tient le haut du panier bien qu’il souffre désormais d’une terrible réputation de vin chimique, au goût prononcé de banane, qui donne à ceux qui en boivent un mal de tête carabiné.

Cette image très négative est hélas souvent méritée du fait de grands domaines ayant privilégié l’aspect commercial de cette fête et produisant en grande quantité des jus trafiqués et souvent très mauvais.

Il est temps de rendre justice à ce vin primeur en dégustant le beaujolais nouveau naturel travaillé proprement par des vignerons consciencieux et soucieux d’offrir une boisson agréable, facile à boire, idéale pour un moment festif entre amis.

Nous avons fait le tour de quelques cavistes et bars à vins parisiens qui faisaient déguster de belles bouteilles : suivez-nous à leur rencontre !

 

1re étape : Les Caves Augé, 116, boulevard Haussmann, 75008 Paris.

 

-Le lieu –

Devant cette institution du 8e arrondissement, qui possède une des plus grandes sélections de vins naturels de la capitale, plusieurs vignerons se sont rassemblés pour faire goûter leur jus. Jean Foillard, Matthieu Dumarcher, Jean-François Nicq, Jean-Christophe Comor et Nicolas Carmarans ont tous fait le déplacement pour faire déguster aux habitués des lieux, mais aussi aux amateurs de passage, leur production de l’année dans une ambiance conviviale autour de plateaux d’huîtres bien fournis. Petit plus pour l’authenticité : la mise en bouteille en direct à partir de fûts posés sur le trottoir !

– Le vin –

Un seul beaujolais nouveau dans cette sélection : celui de Jean Foillard, venu avec son fils Alex qui se lance dans une petite production et assiste son père dans son travail. La première bouteille est déjà une réussite ! Le jus est bien mûr grâce à l’ensoleillement généreux de la fin de saison qui a bien rattrapé les intempéries du printemps. Son beaujolais nouveau naturel perle légèrement en début et s’exprime rapidement sur des arômes de fruits mûrs. La finale est fraîche avec une acidité maîtrisée qui incite à se resservir !

2e étape : La Pointe du Grouin, 8, rue de Belzunce, 75010 Paris.

 

-Le lieu –

La troisième adresse du chef Thierry Breton, chef de file de la bistronomie parisienne, est un lieu atypique où l’on déguste des hors-d’œuvre bretons et des sandwichs délicieux. Tous les ans, pour célébrer le beaujolais, ils se font livrer un fût mis en bouteille sur place au fur et à mesure de la soirée, qui se déroule en musique pour plus de convivialité.

– Le vin –

C’est le beaujolais nouveau naturel de Philippe Pacalet qui est dégusté ici. Un vin plus puissant que le précédent avec une amertume assez marquée en bouche. Le fruit croquant apparaît plus tard et laisse place à une forte acidité. Ce ne sera pas notre favori de la sélection mais ce vin possède malgré tout une grande buvabilité.

3e étape : Au quai, 15, rue Alibert, 75010 Paris.

 

-Le lieu –

Alain nous accueille dans sa petite cave bien fournie et offre à la dégustation deux cuvées de beaujolais nouveau naturel. Celui de Marcel Joubert et celui de Sylvère Trichard, le Séléné. La tentation est grande de s’asseoir à une des tables, de commander un saucisson artisanal et de discuter un moment avec ce caviste passionné.

– Le vin –

Deux choix et deux vins très différents. Le Séléné est travaillé par un jeune vigneron qui propose un jus assez structuré aux arômes chauds et épicés. Le vin s’exprime sur la douceur et laisse de longs arômes en bouche.

Celui de Marcel Joubert, vétéran du vin naturel, attaque plus franchement sur le fruit rouge et croquant avec un aspect légèrement perlant. On a la sensation de tomber sur une gourmandise qui s’achève sur une amertume maîtrisée qui évite l’écœurement. C’est celui-ci qu’il faudra privilégier pour une soirée qui dure.

 

4e étape : La Buvette, 67, rue Saint-Maur, 75011 Paris.

 

-Le lieu –

Camille a décidé de consacrer la soirée au beaujolais nouveau naturel et de réduire sa carte de vins et d’assiettes à partager pour se concentrer sur des plats plus solides dans un esprit de bouchon lyonnais. On prend place dans ce petit bistrot de quartier où les habitués sont légion. Pas de licence 4 ici, alors pour boire un coup, il faudra manger un morceau ! Vu la qualité des produits, cette contrainte n’est pas si pénible !

– Le vin –

Quatre références à cette adresse dont deux que nous avons déjà dégustées. Les deux autres sont celles de Jean-Claude Lapalu et de Rémi Dufaître (que nous avons croisé, à la Cave Augé, trinquant avec Jean Foillard). C’est ce dernier qui a eu notre préférence pour sa droiture, le croquant de son fruit, son acidité très légère et sa solide structure.

5e étape : Le Lieu du vin, 3, avenue Gambetta, 75020 Paris.

 

-Le lieu –

Cette cave n’est pas si petite mais le nombre de bouteilles, cartons, magnums qui y sont entassés dans tous les recoins en fait un lieu chaleureux et convivial à l’exiguïté agréable. Philippe et Anne nous y conseillent avec bienveillance et nous invitent ce soir-là à déguster 5 références rouges différentes. C’est toujours avec passion que Philippe nous parle de ses vins et des vignerons qui le produisent. Il n’est d’ailleurs pas rare d’en voir un passer, livrer des bouteilles et s’éterniser pour partager un moment de camaraderie.

– Le vin –

Nous avons goûté L’Effrontée, du domaine Kugler-Bourgine (seule référence en conventionnel de la soirée), le Bojo-sutra de MM. Sarnin et Berrux, le primeur de Christelle et Raphaël Champier, celui d’Isabelle et Bruno Perraud des Côtes de la Molière et enfin le domaine Lou y es-tu. Notre préférence va à ce dernier qui s’exprime bien sur le fruit, propose une attaque croquante qui fond ensuite en bouche dans une belle longueur très peu acide.

6e étape : Le Lapin blanc, 84, rue de Ménilmontant, 75020 Paris.

 

-Le lieu –

Étape indispensable que ce bar à vin-restaurant. Cette soirée consacrée au beaujolais nouveau naturel ouvre le bal d’une série de 4 soirées pour le quatrième anniversaire du Lapin blanc. Gaëlle et Claire nous y accueillent chaleureusement, les clients sont attablés, certains sont au bar et dégustent dans la bonne humeur les sélections de vins naturels.

– Le vin –

Sur les 4 bouteilles en dégustation, une seule ne nous a pas encore été proposée : celle de Karim Vionnet. En grands amateurs de ses vins, nous attendons son primeur avec impatience. Il s’ouvre avec un nez délicat, épicé et peut-être légèrement vanillé. Il possède une belle rondeur en bouche qui n’empêche pas la fraîcheur d’apparaître en fin de bouche. Un vin joliment parfumé et très digeste, idéal pour ce genre de soirée.

7e étape : La Cave de Belleville, 51, rue de Belleville, 75019 Paris.

 

-Le lieu –

La soirée bat son plein quand nous arrivons. Une population jeune et festive parle fort et s’amuse dans cette grande salle. Les habituels planches et grignotages ont été remplacés par des sandwichs au pâté pour cette soirée particulière. Autour des tables, les conversations vont bon train, les gens se croisent, s’interpellent : le beaujolais nouveau est ici la fête populaire qu’on aime tant.

 

– Le vin –

Nous trouvons ici la plus large sélection de beaujolais depuis le début de la journée. 7 bouteilles sont en dégustation, dont 2 que nous n’avions pas encore croisées. Nous optons pour le beaujolais-village nouveau de France Gonzalvez dont nous aimons tant les vins. Bonne pioche ! Le dernier verre de la soirée offre une grande gourmandise et une buvabilité optimale. Il enrobe le palais avec douceur avant de laisser apparaître une acidité maîtrisée. Un vin à la fois croquant et suave qui nous séduit tout de suite.