Paysages spectaculaires, ports secrets, produits de terroir, le tourisme au cap Sizun et sa voisine Douarnenez incarnent la Bretagne dans toute sa pureté. Quimper, tout le monde descend !

Cap Sizun : tourisme à la pointe du Raz

Pour atteindre le cap Sizun, bout du bout de la Bretagne et presqu’île majestueusement conclue par la pointe du Raz, il faut encore avaler quelques kilomètres…

Avant de poursuivre, avis aux amateurs d’un tourisme branché, m’as-tu-vu ou noctambule : il est encore temps de faire demi-tour ! Ici, l’Armorique se donne dans une dimension d’authenticité, dans ses villages, le long de ses falaises spectaculaires ou sur les quais de ses ports de pêche.

Justement, la route atteint bientôt la côte et, au loin, les maisons blanches d’Audierne se dessinent.

La ville s’est construite le long de l’estuaire du Goyen, dans cet abri naturel que les pêcheurs quittent quotidiennement pour aller défier la houle du grand large.

Une trentaine de bateaux – dont quelques fileyeurs et surtout ces ligneurs qui vont « cueillir » le bar jusque dans l’impressionnant tumulte des eaux de la pointe du Raz – nourrissent encore l’appétit de la criée locale, située juste sur l’autre rive du Goyen, à Plouhinec.

Trentième criée de France en volume, cinquième en valeur : c’est dire la qualité des poissons débarqués ici, ces bars de ligne dûment étiquetés « Pointe de Bretagne », ces dorades et autres lieus jaunes d’une fraîcheur imparable et souvent d’un calibre généreux.

À Audierne, ne pas rater Ti Forn, la boulangerie de Luc Cesvet, pour ses déclinaisons de kouign-amann, ses quatre-quarts à la confiture, son gâteau breton et ses fabuleux croissants, ou encore L’Auberge : une table cachée dans la plus ancienne maison de la ville, restaurée avec beaucoup de goût et de bienveillance pour son histoire, où Susan-Jane Aufray envoie une délicieuse cuisine de sentiments.


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Quitter la jolie ville d’Audierne et mettre le cap à l’ouest, via des chemins buissonniers qui vous mènent parfois à de grandioses culs-de-sac : Pors Loubous en est un, escale de poche accrochée à la falaise où, un jour de décembre 1940, Honoré d’Estienne d’Orves mit pied à terre. Vers la pointe du cap Sizun, ces spectaculaires ports-abris sont nombreux – Bestrée, Le Vorlenn, Pors Theolen et sa buvette dans son jus, Brézellec –, posés au pied de falaises si abruptes que, pour mettre les barcasses des pêcheurs au sec, il faut les hisser avec un treuil.

Arrivée à Plogoff… On se demande encore pourquoi l’État a voulu, à la fin des années 70, installer une centrale nucléaire dans ce sublime environnement.

Le cap Sizun, une nature monumentale

Encore quelques kilomètres avant de tutoyer l’un des graals du tourisme breton : la pointe du Raz s’avance, grandiose, avec vue sur le phare de la Vieille, impassible dans l’infernal bouillonnement du raz de Sein, et sur l’île de Sein, justement, petit bout de terre frêle et mince déposé sur un Atlantique pas toujours hospitalier.

En son extrémité, le cap Sizun se fait imposant, presque intimidant. La baie des Trépassés, malgré son nom et la dangerosité de ses vagues, ne refroidit pas les surfeurs. À partir de la pointe du Van, coiffée de sa célèbre chapelle Saint-They, la côte nord du cap égrène des falaises comme autant de monuments de granit.

Non loin du bourg de Cléden-Cap-Sizun, au bord de la route, L’Étrave, table emblématique du coin, continue de servir ses spécialités, homard au chaudron, grillé à la crème ou à l’armoricaine…

Après le bourg de Beuzec-Cap-Sizun, virer à gauche jusqu’à la pointe du Millier.

Côté mer, la balade mène jusqu’à un petit phare immaculé : le point de vue est bluffant. Côté sous-bois, un joli chemin forestier conduit jusqu’au moulin de Keriolet, qui date de 1868.

En sommeil à partir des années 1960, sa grande roue a recommencé à tourner à partir de 2008, au prix d’une superbe restauration. Sans aucun additif, le meunier fabrique de délicieuses farines broyées à la meule, de blé, de blé noir et de seigle.

Avec la première, Luc Cesvet, le boulanger d’Audierne, a inventé le fameux pain de Keriolet. Le moulin est ouvert à la visite et les farines sont vendues sur place, comme quelques autres produits bretons.


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Le berceau du kouign-amann

Officiellement, le cap Sizun s’arrête par ici, mais la nature continue de plus belle et cette échappée finistérienne se poursuit logiquement jusqu’à Douarnenez, à 10 kilomètres de là.

Blottie au fond de sa baie, la cité a fondé son identité et son tempérament sur la pêche et la conserverie de sardines. En ville, le « chemin de la sardine » retrace cette histoire et s’arrête devant la boutique Penn Sardin, qui en vend des centaines de boîtes.

C’est aussi ici qu’est né le kouign-amann, ardemment défendu par l’association des Artisans de Douarnenez fabriquant le véritable kouign-amann, dont Thierry Lucas, à la Boulangerie des Plomarc’h. Interdiction de partir de « Douarn » sans faire un tour approfondi du célèbre Port-Musée, dont les expositions et la collection de navires à flot sont une passionnante fenêtre ouverte sur les cultures maritimes.

De l’autre côté du Grand Pont, filez enfin vers Tréboul, le pendant balnéaire et « voileux » de Douarnenez, avec la plage des Sables blancs et son port de plaisance.

C’est surtout ici que se situe le plus charmant hôtel du coin baptisé Ty Mad. À l’abri d’une haute maison de caractère, une mise en scène contemporaine, des chambres de très bon goût, dont certaines avec vue sur la mer, un spa, une piscine intérieure, un jardin agréable et une table très convaincante qui sert une cuisine de marché inspirée.

À quelques pas à peine, une chapelle du xvie siècle, l’adorable plage Saint-Jean et un petit chemin côtier qui serpente vers le cimetière marin, puis la jetée du Birou et l’île Tristan qui marquent l’entrée du port de Tréboul…

Encore un peu de temps ? Prolongez l’itinéraire jusqu’à Locronan, la plus belle cité médiévale de Bretagne, mais essayez d’éviter l’heure de pointe.