Guyane gastronomie

Guyane, méconnue, l’Amazonie française est une terre prodigue. Et un eldorado pour les fans de nature.

Guyane : tourisme dans une mosaïque de peuples

Tels les chercheurs d’or qui écument ses fleuves, on ne sait d’avance quelle pépite on va ramener de Guyane.

Car il y a des clichés qui ont la vie dure.

L’humidité, les moustiques et surtout le lourd héritage de l’esclavage et du bagne ont cristallisé les fantasmes autour d’une terre réputée inhospitalière, loin de l’image riante des Antilles. Le fameux « enfer vert »…

Verte la Guyane l’est assurément.

Ce département français est recouvert à plus de 90 % par la forêt ! à peine a-t-on quitté les abords de Cayenne, que la nature prend le dessus.

Il faut dire que l’homme pèse tout petit : moins de 250 000 habitants pour un territoire qui représente 1/6 de la métropole.Et 5 500 espèces végétales, nombre de bêtes à plumes et à poils et 400 000 sortes d’insectes ! C’est dire la fertilité d’une terre étonnamment nourricière.

Presque tout ici se cueille, se chasse, se pêche. Et dans les grandes largeurs. Il faut aller en forêt « prélever » un cœur de palmier pour appréhender

les choses : abattre à la machette une tige de dix mètres de haut pour recueillir de quoi faire une petite salade…

Ou lancer une ligne dans un marigot et s’assurer une pêche miraculeuse.

Quant à la chasse, considérée comme nécessaire à la subsistance en Guyane, elle ne nécessite pas de permis.

Il suffit d’un fusil… et d’une excellente connaissance de la forêt.

On conseillera donc plutôt les restaurants locaux pour goûter au pécari, à l’agouti et autre « viande bois », accommodés en fricassée et très prisés des Guyanais.


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Guyane, baignée par les eaux

Le littoral, lui, est réputé pour la pêche au gros.

Balayé par les courants et recueillant les alluvions des fleuves, il n’invite pas à la baignade. Mais une excursion aux îles du Salut révèle des eaux turquoise, bordées de somptueux palmiers.

C’est la promenade dominicale des « métros », ces Français de l’Hexagone en poste en Guyane.

Les familles y débarquent avec enfants et glacières pour jouer les Robinson, à l’endroit où les bagnards étaient reclus. Autre temps, autres moeurs : on peut désormais louer les maisons des gardiens pour passer une nuit tout confort.

Dans la réserve des marais de Kaw, on explore rivières et canaux dessinés par la mangrove.

On y pêche l’atipa, un poisson de vase à l’allure préhistorique ; un mets de choix pour les Guyanais.

On y croise aussi le cabiai (le plus gros rongeur au monde) et avec un peu de chance le fameux caïman. Sans parler d’un nombre incalculable d’oiseaux. La balade se fait au rythme lent de la pirogue, dans un émerveillement permanent.

On pique-nique dans une crique. Au menu : poulet boucané et kwak, une semoule de manioc que l’on accommode façon taboulé.

L’aventure grandeur nature se poursuit sur les fleuves.

Voies de communication vitales pour les Guyanais, le Maroni, le Kourou, la Mana s’ouvrent aux aventuriers. Ils sont jalonnés de carbets, cabanes rudimentaires et ouvertes à l’air libre où l’on fait étape et où l’on suspend son hamac.

On part, toujours en pirogue, les explorer avec des guides expérimentés qui vous initient aux secrets de la forêt. Cuisine au feu de bois, excursion dans la jungle, nuit au milieu des singes hurleurs… Une expérience inoubliable.


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En Guyane, un métissage culturel

Sillonner la Guyane, c’est aussi aller à la rencontre de ses habitants. Difficile de dire qui est le plus guyanais des Amérindiens, des bushinenge (ou Noirs-Marrons, descendants des esclaves noirs), des créoles ou des métros.

Sans parler de la communauté étrangère, qui constitue 50 % de la population. Principalement des Surinamiens et des Brésiliens, mais aussi des Haïtiens ou des Chinois, qui tiennent le petit commerce. 

Une mosaïque de peuples et de cultures qui vivent en harmonie tout en conservant leurs traditions.

Les Hmongs, Laotiens réfugiés politiques à la fin des années 1970 et installés autour du village de Cacao, excellent, eux, dans la culture maraîchère.

Les jours de marché, dans leur village le dimanche ou à Cayenne, on découvre sur les étals leur savoir-faire et toute la prodigalité de la terre guyanaise dans un déploiement d’herbes fraîches, de légumes inconnus, tels le concombre piquant ou le jicama, et surtout de fruits exotiques, comme le chadek, la prune de Cythère et la pomme rosa.

On les déguste fraîchement pressés sur le marché ou en crème glacée, chez Jo le Glacier.

« Les Antilles, c’est paradisiaque.

La Guyane, c’est le paradis », résume Philippe qui a écumé les îles avant de se fixer ici.

On le croit volontiers, accoudés au bar des Palmistes – une institution à Cayenne – qui a vu couler des litres de Belle Cabresse, le rhum local.

Après avoir exploré fleuve, marais et forêt, la capitale guyanaise, avec ses maisons créoles colorées, rappelle doucement à la réalité. Avant de retrouver le vrai enfer, celui de nos villes bitumées.