Le Vexin normand

Ses paysages bucoliques ont inspiré les impressionnistes. Et aujourd’hui encore, à une heure de Paris, cette région méconnue invite à déjeuner sur l’herbe… Découvrez sans tarder le Vexin, la campagne des Parisiens.

Le Vexin normand

On raconte que c’est en se penchant à la portière du train qui l’emmenait de Paris vers la campagne que Claude Monet repéra sa maison de Giverny. Il lui fallut plusieurs années pour l’acquérir.

Mais il ne quitta plus alors sa belle demeure et son jardin aux nymphéas, photographiés aujourd’hui sous toutes les coutures par des centaines de milliers de visiteurs chaque année.

C’est à quelques dizaines de kilomètres de là, à Auvers-sur-Oise, qu’un autre illustre peintre finit aussi sa vie – certes plus tragiquement, mais non sans avoir peint abondamment une nature qui l’avait ébloui.

Les champs de blé et les clochers de Vincent Van Gogh racontent un Vexin qui n’a guère changé depuis.

À l’Auberge Ravoux, figée dans le temps, les touristes viennent tout autant pour visiter la chambre où il vécut ses derniers instants que pour déguster des plats d’antan.

Terrine de canard, gigot de sept heures ou poires au vin… et même une absinthe, la Muse Verte, dans des verres qui sont la copie conforme de ceux dans lesquels le peintre trempait ses lèvres, avant de partir à la découverte de villages de carte postale, avec leur pimpante petite mairie, leurs enseignes joliment désuètes et leurs abords impeccablement fleuris.


Lire aussi : Sri Lanka : voyage des cinq sens


Le Vexin : un petit concentré de verdure et de douceur de vivre

Au-delà des clichés, le Vexin reste pourtant une région de France méconnue.

Il faut moins d’une heure pour s’y rendre depuis Paris et l’on y vient même en RER. Mais rares sont ceux qui situent précisément cette région sur une carte.

Sauf les Parisiens qui en ont fait leur campagne.

Les plus chanceux y ont acquis un pied à terre. D’autres se contentent de venir en famille le dimanche après-midi jouer les fermiers d’un jour dans les cueillettes qui ont fleuri en bord d’autoroute, au milieu des grandes exploitations céréalières.

En bottes de caoutchouc, les bambins s’extasient sur la couleur d’un chou, tandis que les familles nombreuses remplissent leur brouette de légumes frais, avant de rejoindre, les joues roses, une ville nouvelle ou leur cité pavillonnaire.

Il faut suivre les méandres de la Seine, vers l’Ouest, pour mieux cerner un territoire qui se déploie à cheval sur trois départements, mais aussi longer les bords de l’Oise et ceux de l’Epte, qui subdivise le Vexin normand du Vexin français.

On vous épargne la leçon d’histoire, même si celle-ci a laissé de nombreux vestiges. Comme ces croix pattées, qui fleurissent le long des champs.

Ou les nombreux petits châteaux qui accueillaient autrefois les nobles parisiens en villégiature. Celui de Théméricourt renferme aujourd’hui un musée des Traditions populaires et rurales.

Le plus connu reste le château de La Roche-Guyon, résidence des La Rochefoucauld.

Depuis une dizaine d’années, le potager du château a été entièrement replanté selon le tracé historique retrouvé sur des gravures d’époque, avec de nombreuses variétés d’arbres fruitiers et de plantes aromatiques. La récolte est vendue à la boutique du château ou transformée en jus et confitures. Et hop dans le panier du goûter !


Lire aussi : Hambourg, un parfait mix entre goût et art de vivre


Dans le Vexin normand, des villages de carte postale et des jardins luxuriants

Au hasard de ses remembrements, sous le coup de l’agriculture intensive, le Vexin a perdu la mémoire de ses produits du terroir.

Pas de spécialité culinaire traditionnelle, peu ou pas de variétés anciennes. Et une cuisine phagocytée par la Normandie toute proche.

Tout reste donc à (ré)inventer. Ce que font ardemment de petits producteurs, chez lesquels on a plaisir à faire des haltes gourmandes. On garnit ainsi sa musette au hasard des balades.

Difficile de passer à côté du cidre, emblématique d’une région riche en pommiers.

On recommande celui de la ferme des Ruelles. Michel Galmel assemble ses jus fermentés comme un vin.

Denis Sargeret s’est lui lancé dans la bière, pour diversifier son activité d’agriculteur. Avec toute une gamme, de la blonde à l’ambrée, en passant par la Véliocasse, qui porte le nom des premiers habitants de la région.

Certains se sont tournés vers des productions plus audacieuses.

Comme Emmanuel et Véronique Delacour qui commercialisent des moutardes, fabriquées avec les graines qu’ils cultivent et aromatisent à l’absinthe, à la poire williams ou encore au cidre.

Stéphane Duval produit de l’huile première pression à froid. Il a choisi un processus très lent pour exprimer toute la saveur des graines qu’il broie.

Chez lui, on redécouvre l’huile de tournesol et de sésame. Et l’étonnante huile de cameline. Autant de produits 100 % terroir. La Ferme des Peupliers, à Flipou, fait quant à elle figure de pionnière en la matière.

Depuis 50 ans, elle produit des yaourts au bon lait du Vexin. Ses quelque sept millions de pots produits chaque année sont exportés jusqu’à Dubaï et Singapour.

Les Parisiens les trouvent eux dans leur fromagerie de quartier. La campagne n’a jamais été aussi proche.

  1. À une heure seulement de Paris, c’est un peu un voyage dans l’espace et le temps.
  2. Le jardin de Claude Monet, à Giverny, attire chaque année des milliers de visiteurs, du 1er avril au 1er novembre.
  3. À une heure seulement de Paris, c’est un peu un voyage dans l’espace et le temps.
  4. Cueillir soi-même les fruits et légumes au grand air : un plaisir familial que (re)découvrent les habitants des villes.
  5. Un bouquet champêtre qui aurait pu inspirer Monet…
  6. L’eau est omniprésente dans le paysage, comme ici au moulin de Fourges, dans la vallée de l’Epte.