
Diffusion, ingestion, animaux… Ce qu’il faut savoir sur les huiles essentielles
Les extraits naturels complexes contenus dans les emblématiques fioles teintées ne sont pas aussi anodins qu’on le croit encore trop souvent. En matière d’aromathérapie aussi, la règle d’or, c’est : à consommer avec modération !
1. À une huile particulière correspond un seul bienfait
Bien au contraire : il existe un très grand nombre d’huiles essentielles (HE), chacune ayant plusieurs indications. À titre d’exemple, l’HE d’arbre à thé, ou "tea tree", très utilisée, cumule des propriétés antibactériennes, anti-infectieuses, antifongiques, antivirales et désinfectantes. Elle est préconisée pour les problèmes de peau mais aussi contre la fatigue physique et psychique, peut être utilisée par voie cutanée, voie orale ou en diffusion, et sert même dans la fabrication de nettoyants ménagers maison ! Qui plus est, pour accroître encore leur efficacité et leur champ d’action, les huiles essentielles peuvent s’utiliser en synergie.
2. On peut les utiliser comme on veut
Absolument pas ! Orale, cutanée, respiratoire… Non seulement les voies d’administration diffèrent selon l’HE et l’effet recherché (l’ingestion n’est par exemple pas privilégiée en première intention), mais des contre indications existent. Dans tous les cas, il faut respecter les précautions générales liées à son âge et à son état, ainsi que les modalités d’usage spécifiques – dilution, dosage, durée d’utilisation, interactions… Renseignez-vous bien, en particulier auprès de professionnels de la santé.
3. Elle sont toujours naturelles
Hélas non : comme pour tout, il existe des fabricants peu scrupuleux, alors lisez bien ce qui est écrit sur le flacon. Repérez au moins la mention "huile essentielle 100 % pure et naturelle", qui signifie qu’elle n’a été ni diluée ni modifiée. Attention cependant : cette indication est légalement autorisée pour les huiles contenant jusqu’à 30 % de molécules de synthèse.
4. Elles sont écologiques
Malheureusement, la production d’huiles essentielles n’est pas que le fait de petits producteurs amoureux de leurs plantes. Leur popularité récente a mené à de grosses productions qui provoquent parfois de la déforestation (comme avec l’HE de bois de rose par exemple) ou de la monoculture intensive – certaines HE réclament une très grande quantité de matière première pour ne fabriquer que quelques litres. Il convient donc dans la mesure du possible de privilégier au maximum les productions bio et locales.
5. Elles sont inoffensives
Attention : leurs nombreux bénéfices ne doivent pas nous faire oublier que les huiles essentielles sont de puissants produits à manier prudemment. Concentrées en principes actifs, elles requièrent notamment un respect strict des posologies. Dans le cas contraire, des symptômes parfois graves peuvent apparaître, même chez une personne en bonne santé, allant des vomissements aux
convulsions, en passant par d’importantes complications respiratoires nécessitant une hospitalisation d’urgence.
6. Tout le monde peut s'en servir
Il faut être très prudent lorsqu’on a recours à l’aromathérapie hors d’une prescription professionnelle ! De manière générale, femmes enceintes ou allaitantes, enfants, personnes âgées et asthmatiques ont des contre indications et des dosages spécifiques, l’utilisation sans avis leur étant déconseillée. Un aval médical est également obligatoire pour les personnes qui présentent des problèmes respiratoires, suivent un traitement médical ou sont atteintes de certaines pathologies, notamment l’épilepsie. Consultez votre médecin !
7. Elles ne s'utilisent jamais sur les animaux
Pour les chiens, certaines huiles essentielles peuvent avoir des bienfaits, notamment antiparasites, mais là encore, il est primordial de demander conseil à son vétérinaire avant de commencer tout traitement. Pour les chats en revanche, attention danger ! L’aromathérapie est non seulement moins adaptée à leur métabolisme, mais son utilisation comporte même des risques majeurs pour leur santé, notamment d’insuffisance hépatique. La consultation de son vétérinaire est impérative.
8. On peut se soigner uniquement avec des huiles essentielles
Les huiles essentielles ne sont pas des médicaments. Elles ont des vertus indéniables, mais ne guérissent pas tout. Elles agissent en complément des autres thérapeutiques. Pour toute pathologie sérieuse ou problème qui s’installe, il faut d’abord consulter son médecin, et être particulièrement vigilant avec les personnes fragiles.
9. Elles se sont pas allergisantes
C’est tout l’inverse, certaines huiles essentielles sont très allergisantes ! Elles peuvent notamment provoquer du prurit ou de l’urticaire. C’est le cas entre autres des produits issus de l’angélique, du laurier noble ou de la verveine citronnée. Il convient donc de toujours faire le test suivant avant utilisation : appliquez 1 ou 2 gouttes dans le creux du coude et attendez au moins 24 h pour voir s’il y a une réaction.
10. Elles améliorent la qualité de l'air
Tout dépend des produits utilisés. Des études ont montré que certains désodorisants aux huiles essentielles, censés avoir des vertus "purifiantes", produisaient en réalité des composés organiques volatiles dans des quantités potentiellement irritantes. Les diffuser dans l’air d’un environnement clos, a fortiori souvent ou longtemps, peut exposer à des risques, accrus si on souffre déjà d’allergies ou d’asthme (et là encore, attention aux chats !).
(Article publié dans le magazine Saveurs Green n° 2, 2020)