Certains mettent de l'eau dans le vin, d'autres mettent des pesticides. Selon la dernière étude du réseau Pesticide Action Network (PAN Europe), les vins européens sont de plus en plus contaminés par l'acide trifluoroacétique (TFA). Il s'agit d'un polluant éternel répandu mais non réglementé. Au cours de cette étude, 49 vins (rouge, blanc et rosé) provenant de 10 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie et Luxembourg), dont 39 vins récents et 10 vins anciens : tous étaient contaminés au TFA. Avec une concentration 100 fois supérieure à la moyenne observée dans les eaux de surface et l'eau potable, de 110 microgrammes par litre (µg/l) et des pics atteignant 320 µg/l. Parmi ces vins, les 10 vins antérieurs à 1988 ne présentent aucune trace de ce pesticide, contrairement aux 39 autres produits après cette date. Ces résultats indiquent également une hausse des concentrations détectées sur les bouteilles datant de 1988 à 2010, qui était de 13 microgrammes/litre à 21 µg/l, puis est passée entre 2010 et 2015 à 40 µg/l. Aujourd'hui, la concentration a atteint des niveaux records : 122 µg/l. Face à cette hausse des taux, les PAN Europe demande à ce que les autorités Européennes soient saisis pour remédier à ce problème de santé publique. C'est non sans risque que se fait l'utilisation des TFA sur notre santé : favorisation de l'athérosclérose, augmentation du risque d'infarctus et d'AVC, élévation du mauvais cholestérol HDL, augmentation du risque de diabète de type 2, inflammation cérébrale, obésité abdominale, effet néfaste sur le développement du fœtus… La liste est longue.

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Des pesticides dans tout notre quotidien

Le TFA est non dégradable. Ses composés chimiques se caractérisent par sa chaîne carbonée substituée par des atomes de fluor. Cette stabilité chimique en fait des substances non dégradées dans l'environnement, qualifiées de "polluants éternels". Les PFAS (substances poly- ou perfluoroalkylées) sont également présents dans de nombreux produits manufacturés de notre quotidien : imperméabilisants pour cuirs et textiles, papiers et emballages traités, enduits pour textiles et peintures, détergents, semi-conducteurs, fluides hydrauliques, traitement de surface des métaux… Et aussi dans les pesticides ! Malheureusement, le reste de notre alimentation n'est pas épargné : viennoiseries industrielles, biscuits, pizzas surgelées, margarines, plats préparés, produits céréaliers.

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Derrière un simple verre de vin, c’est tout un système qu’on avale sans le savoir. Ces chiffres le prouvent : notre alimentation, même celle qu’on pensait préservée, est de plus en plus imprégnée de substances dont on ignore encore les effets à long terme. Le TFA s’infiltre partout, sans bruit, mais sûrement. Alors, on fait quoi ? On ferme les yeux ou on commence à questionner ce qu’on consomme, ce qu’on autorise et ce qu’on cautionne ? Car à ce rythme, il ne s’agit plus seulement de ce qu’il y a dans nos verres… mais de ce qu’on accepte de laisser entrer dans nos vies.

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